lepoulpe a écrit:c'est pas toi qui a ecris ca par hassard
Non
Mais j'imagine que quiconque ayant occupé ce genre de poste a été confronté de nombreuses fois à ce style de situations.
Et puis les "assistantes" sont une punition à l'échelle cosmique.
Il faudra faire un jour une étude sociologique sur cette engeance. Pour l'édification des foules.
Tiens, je me lance :
Jadis, d'honnêtes filles,
les secrétaires, remplissaient une fonction noble, avec
application et
humilité.
Souvent mal considérées, elles tapaient au kilomètre lettres et rapports, faisaient parfois office de documentalistes, avaient pour la plupart le sens de l'organisation et même, n'ayons pas peur des mots,
de l'ordre. Pouvoir magique : elles savaient prendre des notes en
sténo
sans déconner, ça m'a toujours impressionné, ça.Une minorité, souvent au terme d'années d'expérience, et parfois grâce (à cause, dirais-je) d'une particularité telle que la pratique d'une ou plusieurs langues étrangères, se voyaient promues au rang signifiant de
secrétaire de direction.Ça voulait dire quelque chose.
Les intrigantes, celles qui avaient couché pour grimper (quelle ironie), les
jeunesses, promues trop vite à une position trop élevée
(et pas seulement, là-dessus, dans le but d'y voir Montmartre) étaient rapidement identifiées. On les craignait et on les évitait, mais elles ne jouissaient d'aucun prestige ni d'aucune reconnaissance, autre que celle dont les gratifiait M. Henri, le directeur opérationnel du bâtiment B, le soir, alors que les employés étaient rentrés dans leurs banlieues, à coups de reins haineux mais fatigués, en faisant occasionnellement tomber de la table le portrait de Mme Henri et des enfants, pris lors des dernières vacances au Tréport, les fois où la démonstration de son autorité se faisait plus énergique qu'à l'accoutumée
(au choix : remontrance de M. le Directeur Général à propos des mauvais résultats de son unité ; interférences hiérarchiques avec ce crétin de Jambert, le directeur financier ; engueulade avec bobonne, la veille…).
Avec l'arrivée de l'informatique, elles furent remplacées à la vitesse d'un cheval au galop par les "assistantes".
Une génération de petites connes d'une arrogance inouïe, ne possédant plus aucune des caractéristiques qui faisaient le talent de leurs ainées, mais encombrées par ailleurs de
compétences d'une parfaite inutilité dans la vie quotidienne de l'entreprise.
Toutes ces grues étaient ainsi au moins bilingues
(une qualité qui allait grandement leur servir par la suite),
maîtrisaient l'outil informatique (c'est-à-dire qu'elles avaient principalement tapé leur rapport de stage dans la boîte de Papa sur Word, et savait faire une addition dans une feuille de calcul Exel, enfin, pour les plus expertes), mais surtout, avaient un
petit corps tonique sculpté patiemment au fil des heures chez Gymnase Club.
De quoi insuffler
l'inspiration et la combativité chez le
manager vieillissant, qui s'emmerdait jusque là avec Mme Hortense et son chignon, laquelle était, certes compétente et travailleuse, mais d'une austérité qui s'accordait souvent mal avec l'humour grivois appris au contact des collègues de chantier.
Les nouvelles
Vanessa, Kimberley, Gwenaëlle et Cynthia, quant à elles, apportaient fraîcheur et dynamisme aux entreprises françaises, enfin surtout aux positions les plus hautes (directeur, sous-directeurs), alors qu'au même moment, Jean-Dylan, du
service achats, se voyait confier un ordinateur portable flambant neuf, en lieu et place de sa secrétaire ("tu comprends, faut faire des économies, la société n'a plus les moyens de payer des salaires à plein temps, tout le monde doit y mettre du sien !" lui avait annoncé Jean-Guy, des
ressources humaines, qui lui-même venait de remplacer Josiane, sa secrétaire mise à la retraite anticipée payée au SMIG par Cindy, une sémillante
Bac+2, conne comme une poutre, mais avec une croupe de jument, dont le salaire de débutante commençait à 2700€ mensuels,
"mais bon, tu comprends, elle parle Tamoul, et pas qu'avec les mains !").
Ainsi prirent leur place les "assistantes" dans la vie de l'entreprise. Elles n'assistaient pas grand monde, hormis la chefaille, et elles présentèrent rapidement un autre visage, au reste des employés, celles de
prescriptrices.
Un nouveau concept était né : le
centre de coût qui venait demander aux centres de profits de bosser… "tiens, Jean-Kevin, il faudrait que tu remettes ton rapport à John d'ici ce soir, il l'attend pour présenter les résultats au
board, à 19h. Et au propre, pas comme la dernière fois ! J'attends ta
présa d'ici une heure." Ouais, elles disent "présa" pour présentation PowerPoint. Elles disent des trucs du genre "ça marche !", gueulé super fort dans le couloir, avec
un sourire dans la voix, pour montrer que oulala, c'est vraiment
trop coule, ce boulot.
Quoi ?
Ça n'a aucun rapport ?
Ah ouais. Nan, mais c'est l'Hiver. Je me rends compte que je suis un peu tendu, ces derniers jours.
Faut que je retrouve un boulot, au plus vite.
Peut-être un boulot
d'assistant.