par lesmontres » 05 Déc 2016, 08:24
Un mot du président de passion horlogère :
Ça va pas fort....
"La fin d'année est arrivée. Nous entamons l'ultime ligne droite avant de passer à 2017. Les dernières nouvelles du monde horloger ne sont pas bonnes du tout. Au mois d'octobre dernier, les exportations de montres suisses atteignaient leur niveau le plus bas depuis 2009. Le 30 novembre, nous avons appris avec stupeur que le fleuron de l'horlogerie française, la marque Pequignet, était placée en liquidation judiciaire par la Tribunal de Commerce de Besançon. Et les dernières rumeurs ne sont pas des plus rassurantes. Breitling serait à vendre...
Il y a cette façon catastrophique d'aborder la chose horlogère, et puis il y a une autre lecture possible des derniers évènements. Après des années d'euphorie où tout et n'importe quoi se vendait, notamment à des clients chinois proches de la frénésie horlogère ; après une décennie pendant laquelle on enregistrait annuellement une croissance des ventes à 2 chiffres ; après une longue période de marketing sauvage ayant fait perdre son sens à un jargon horloger amoureux de ses "Manufactures" et de son "Swiss Made" ; après ces 20 dernières années de mirages horlogers et de "success story" masquant une mutation industrielle profonde ; après de nombreuses erreurs saupoudrées de mensonges éhontés... il est peut-être temps de revenir à une forme de réalité. L'horlogerie entame une phase de "normalisation" et de maturité.
Cette industrie connaît actuellement une crise non pas de conjoncture, mais systémique, qui met en péril une bulle où se mêlaient artifices, rêves, et réalités. Le cas de Pequignet qui vient d'être placé en liquidation judiciaire est révélateur de ce rêve horloger confronté à une réalité bien compliquée. Reprise en 2004 avec la volonté d'en faire la vitrine française du savoir-faire horloger de luxe, Pequignet s'est fracassée sur son obsession de devenir une Manufacture développant son propre mouvement. Reprise à nouveau en 2012, avec un passif abyssal, en plein coeur de la crise qui touchait déjà toute l'industrie horlogère, et malgré d'excellentes intentions affichées, Pequignet aura fini par épuiser Laurent Katz qui n'a pas lésiné sur les moyens pour la redresser. Et pourtant... Pourtant tout le monde s'accorde à dire qu'il y aurait quelque chose à faire avec cette marque... Avis à d'éventuels repreneurs...
Car il n'y a qu'à observer l'horlogerie d'un peu plus près, pour y trouver des exemples de marques qui se portent "plutôt pas mal". Il y a les champions que sont Rolex, Patek Philippe ou Audemars Piguet. Il y a ceux qui travaillent depuis des années à connaître leurs clients pour mieux répondre à leurs attentes. C'est Richard Mille, Hublot, Oris ou Seiko. Il y a les "Challengers", ceux qui ont récemment entrepris de profondes modifications dans leur approche horlogère. C'est TAG Heuer et Girard-Perregaux. Et puis il y a les créatifs, ceux qui réinventent l'horlogerie. Ce sont souvent des indépendants à mi-chemin entre l'artisanat et un fonctionnement "façon start-up". C'est MB&F, Kari Voutilainen ou les frères Grönefeld. C'est bien la preuve qu'en période de crise, on peut tirer son épingle du jeu !
Alors Breitling qui serait à vendre, est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? Sachant que la marque a une image exceptionnellement positive, une histoire, une notoriété, une légitimité horlogère, un appareil productif performant, et des icônes horlogères dans son catalogue... Tous les ingrédients sont réunis pour qu'elle réussisse. Ne lui manque qu'un propriétaire prêt à investir lourdement, et un Capitaine capable de mobiliser les énergies. Seul un grand groupe pourrait aujourd'hui se porter acquéreur d'une telle marque qui semble ne plus passionner ses actuels propriétaires. Et puis il faudrait la mettre entre les mains d'un homme inspiré. Il n'existe pas beaucoup de Biver, Pontroué, Lambert ou Büsser sur la planète horlogère. Mais il n'est pas interdit d'espérer, à défaut de rêver.
L'horlogerie qui va mal ? C'est vrai, les chiffres l'attestent ! Toute l'horlogerie ? Non, certains nous offrent encore de beaux exemples de réussite. Ce sont des exemples qui doivent inspirer et qui permettront de dépoussiérer toutes ces marques qui ne sont toujours pas entrées dans le XXI éme siècle.
Vous souhaitant d'agréables lectures et de belles découvertes, nous vous donnons rendez-vous prochainement pour de la passion, de l'échange et de belles rencontres. En attendant, nous vous souhaitons de passer d'excellentes fêtes de fin d'année entre amis ou en famille.
Thierry Gasquez
Président"
... Et puis on a déjà BRM dans le même genre 
