Nico_le_Normand a écrit:Reno a écrit:J'imagine que quand tu dis "arrivé au bout", tu fais référence au "problème" du nombre d'actifs par rapport aux retraités, c'est ça ? Un mythe qui a la vie dure, rabâché ad nauseam par la grosse presse ?
Bin oui... et
je ne suis pas sûr que les gains de productivité influent tant que ça.
Tant,
et plus.Faisons un bout de route ensemble, veux-tu ?
L'argument qu'on nous sert est d'une simplicité biblique. Même des enfants pourraient le comprendre.
Surtout des enfants.
Au sortir de la seconde guerre, on avait en gros
un actif pour un retraité.
Un actif cotisait donc pour un retraité.
Le système était donc "à l'équilibre".
Putain, à l'équilibre.
Bande de glands.Aujourd'hui
(on n'a plus le droit, ni d'avoir faim, ni d'avoir froid), la donne a changé.
Tout est différent.
Il faut vivre avec son temps.
À cœur vaillant, rien d'impossible.
À cheval donné, on ne regarde pas les dents (heu, je suis moins sûr, pour celle-là, dans le contexte
)AUJOURD'HUI, disais-je donc, on a toujours un actif, mais pour QUATRE retraités.
Quatre, les mecs.
Comme les quatre cavaliers de l'Apocalypse.
Selon Saint Maclou. Du coup, ça rigole tout de suite moins.
Un pour quatre, c'est fini. Le système N'EST PLUS "à l'équilibre".
L'heure est grave.
On est dans la merde, les mecs.
Faut arrêter avec ces conneries vieilles de 70 ans, et faut vivre avec son temps. Faut
s'adapter, quoi.
Sous peine de
disparaître.
Pourquoi je fous tout en italique, moi ?
Un peu comme les dinosaures.
Les dinosaures, on nous avait dit que c'était à cause d'une météorite ?
Ben en fait, nan.
Ces gros cons ont disparu parce qu'ils n'ont pas su réformer à temps leur système de
protection sociale.Qu'est-ce tu crois ?
Bon.
Passons maintenant à la suite du programme.
Dans les années 80, un événement minime a surgi (pouf !) du néant et a modifié en profondeur les conditions de travail.
Je vais vous donner un indice, c'est pas Arlette Laguiller (la révolutionnaire qui a travaillé comme employée de banque toute sa vie)
(ô, la cruelle ironie).C'est
l'informatique, mesdames et messieurs. Bonne réponse.
C'est encore un militaire qui gagne une tringle à rideaux.Avec l'informatique, vous foutez un couillon dans mon genre derrière un écran, et vous dégagez un service complet (12 personnes) de dessinateurs, publicitaires, HÀI…
Je ne vous monte pas de bateau, j'ai connu cette époque.
Je l'ai connue à la banque aussi, en tant que stagiaire. J'ai connu la dernière année (à la Société Générale, je suis sérieux) des "agences" en ville avec une dizaine d'employés, remplacées l'année suivante par un "bureau" avec trois personnes. Le même bâtiment, hein.
Et ça a été le cas un peu partout dans le tertiaire… les services comptables ont été également lourdement impactés par l'arrivée de l'informatique (remplacement de services entiers par UNE personne derrière un micro). Je rappelle en passant qu'en 2012, le secteur tertiaire représentait près de
60 % de l'économie mondiale.
À titre personnel, avec l'ordinateur, j'ai pu faire en
en quelques heures, ce qui me prenait parfois plusieurs jours (je vous
JURE que je n'exagère pas) à faire "à la main", avec des ciseaux et de la colle.
Ça, et marginalement, les méthodes de "management"
(ah, ça y est, je sens le goût du vomi dans le fond de la bouche), qui ont permis de "motiver" l'employé restant à se taper le boulot de 3 (4,5… 10 personnes) pour le même salaire…
Un mot magique était né : les gains de
PRODUCTIVITÉ.
On estime (c'est une estimation), qu'en France, un salarié de 2010 est
DIX FOIS plus productif que son homologue des années 50.
Ça ne veut pas dire qu'il est plus intelligent, ou qu'il bosse mieux, hein.
Ça veut juste dire qu'on peut le rincer 10 fois plus que son grand-père.
Il
rapporte à la Société dix fois plus que pépé.
Résultat des courses, il est malhonnête de mettre en rapport "un actif pour un retraité" de 1950 avec le "un actif pour quatre retraités" de 2010, parce que l'actif de 2010 est
de fait plus productif (génère plus de valeur ajoutée) que son aïeul.
Je pars bien sûr du principe que ces gains de productivité ont profité à la collectivité.
Il y aurait bien une autre explication, mais ce serait vraiment
trop-z-horrible, si en fait, ils avaient juste été accaparés par une petite clique dont le niveau de vie n'a pas cessé d'augmenter, alors que celui de la population baisse continuellement depuis les années 70.
Ce serait affreux, ne n'ose y penser.
Vite, allumons la télé pour nous changer les idées.Par ailleurs, et c'est peut-être le fond du fond du fond, parler de tout ça, c'est accepter d'emblée que le système de cotisation par caisses de redistribution n'est pas la meilleure solution. Moi je dis, ça se
discute. On arrivera peut-être à la conclusion que non, décidément, les gens préfèrent ne pas être "taxés" et dire au revoir à la Sécu, aux retraites, et qu'ils préfèrent cotiser à des assurances privées.
En ce qui me concerne, le choix est fait : sur des sujets aussi vitaux, JAMAIS faire aucune confiance au secteur privé, dont le but, est rappelons-le toujours et encore, sans relâche : dégager le plus de marge pour les actionnaires, au seul bénéfice des actionnaires, au détriment s'il le faut (et il le faudra) des supposés clients.
Un rappel pour ceux qui sont
économiquement challengés : Quand une boîte se pète la gueule, on commence par payer les salariés (s'il reste encore du blé dans les caisses, hein), le Trésor public, les organismes sociaux, les créanciers bénéficiant du privilège de conciliation lorsqu'une procédure collective est ouverte après cette conciliation, etc.
Il va sans dire que les fournisseurs se retrouvent avec la bite sous la bras, à poil en rase campagne.
Autrement dit, le jour où votre assureur de quartier plonge, vos "cotisations" pour vos vieux jours, vous pouvez vous les tailler en forme d'obélisque, et penser à l'Empereur qui disait en substance "du haut de cette pyramide de Ponzi, quarante annuités de perdues." (ou un truc dans le genre).