Ce midi, nous avons décidé avec Madame d'aller graillonner au vide-grenier que nous avions programmé pour ce Dimanche après-midi.
Le projet fameux d'engloutir une saucisse bien grasse assortie de sa barquette de frites s'était formé dans nos esprits, et son irrésistible attrait nous avait par conséquent jeté précipitamment sur la route.
Las, en arrivant sur place, nous découvrîmes horrifiés la plus phénoménale file d'attente de toute l'histoire des fêtes rurales, devant la tente où l'on préparait les délices huileux sur lesquels nous avions jeté notre dévolu
La mort dans l'âme, nous sommes donc partis arpenter les rues à la recherche de trésors merveilleux, en attendant que la horde de fous affamés voit ses rangs se réduire au fur et à mesure de l'approvisionnement des troupes.
Peine perdue. Après avoir fait une première boucle, nous dûmes nous rendre à l'évidence : la file n'avait pas réduit, et le troupeau de gloutons piétinaient toujours avec la même ardeur devant le préposé au graillon enfer dépit
Vaincus, nous avons donc fini d'arpenter le vide-grenier (qui fut un fiasco total en terme de trouvailles, puisque nous en sommes revenus broucouilles), et nous nous sommes par suite mis en quête d'un petit restaurant dans les environs, afin d'y faire ripaille, et d'oublier notre déconvenue pédestro-gastronomique
Seconde contrariété de l'après-midi (qui allait se révéler n'être que l'une d'une longue série), mon iPhone hors de prix refusa de me donner accès à internet. De données cellulaires, point plus de Google, plus de GPS même après redémarrage
"Nondidiou de nondidiou, jarnidieu, jarnicoton !" m'exclamais-je derrière le volant de mon bolide italien, "quel est ce mystère, quelle est cette diablerie ?" Pitain de bourdil, walalaradim", rajouté-je afin d'appuyer mon propos avec force, et d'en souligner par là même la portée tragique, et, il faut le dire, un peu pathétique.
C'est alors que nous décidâmes de nous rabattre sur le plan B de tous les plans B : le restaurant traditionnel écossais.
Or, je m'étais répandu il y a quelque temps sur ce que je pensais de leur nouvelle organisation à la con : le service en salle.
En effet, depuis plusieurs mois, une fois la commande passée, on est "invité" (sur le mode de l'incitation impérative) à aller s'installer à une table, le plateau y étant apporté ultérieurement.
Vous, je ne sais pas, mais je vais chez MacDo (et d'autres enseignes de restauration rapide) depuis que je suis ado… ça doit donc bien faire 30 ans essentiellement pour 3 raisons : d'abord c'est bon, deuxièmement c'est pas trop cher, troisièmement c'est rapide (d'où le nom). Durant ces 30 ans, je n'ai jamais vu de différence notable dans le mode de fonctionnement de ces enseignes, et c'était très bien comme ça, c'était une formule qui fonctionnait parfaitement, avec un succès quasi-universel.
Or depuis qu'ils ont mis en place cette hérésie qu'est le service en salle, nous assistons à un véritable PRODIGE
Entre le moment où on passe sa commande, et celui où elle arrive sur la table, plus de 10 minutes se sont écoulées
Nous en sommes à la troisième expérience de cette nature. J'ai pu constater
- un nombre important d'erreurs dans les plateaux (le nombre de gens qui reviennent en caisse est assez important)
- des produits qui arrivent à table systématiquement FROIDS
- un service nullissime qui voit les malheureux "serveurs" tourner comme des âmes en peines avec les plateaux et qui doivent demander à deux ou trois tables avant de trouver la bonne… je serais curieux de savoir qui est le couillon qui a eu l'idée de génie d'imposer le service en salle dans une boîte de restauration rapide (bien que j'en imagine la raison)…
Bref, la dernière fois, entre les erreurs sur notre plateau et la bouffe froide, nous avons convenus que la fois suivante, on resterait planté au comptoir à attendre notre commande, afin de court-circuiter l'étape du "personnel itinérant" qui navigue à la boussole entre les tables
Je vais vous narrer la suite des événements, ce fut admirable
- il a fallu pas moins de 15 MINUTES pour que notre commande soit prête (précédents records battus) ; au bout de 10 minutes, j'ai fait remarquer (gentiment) que le premier hamburger, en attente sur le plateau quasiment depuis le début allait très certainement être froid : la fille au comptoir a donc demandé à en relancer un, après avoir jeté le premier.
- nous avions commandé aux bornes deux Minute Maid ; une fois au comptoir, on nous apprend qu'il n'y en avait plus ; nous sommes donc rabattus sur du Fanta.
- Emma Peel avait pris un cookie en dessert, il n'y en avait plus non plus.
- En arrivant enfin à notre table, je remarque que les deux Fanta sont marrons et pour cause, c'était du Coca. Je repars en caisse, on me donne mes Fanta sans broncher (le personnel reste zen, c'est déjà ça).
- pendant le quart d'heure où nous avons fait le pied de grue au comptoir, plus d'une dizaine de personnes piétinaient derrière nous, à attendre des commandes qui n'arrivaient pas. D'autres, déjà à leurs tables, jetaient des regards désespérés vers le comptoir…
- J'ai vu 4~5 clients revenir au comptoir pour des oublis ou des erreurs sur leur commande…
Bref, un festival
Avant, le fast-food, tu rentrais, tu passais ta commande, tu avais peine le temps de sortir ton larfeuille pour payer que ton plateau était prêt, tu partais t'installer ; tu bâfrais ton graillon avec un air de veau mené à l'abattoir, et tu ressortais 20min après. C'était le bonheur, le plus haut degré de la civilisation moderne.
Aujourd'hui, c'est le foutoir. C'est l'anarchie.
Mes amis, il faut se rendre à l'évidence, l'Union Européenne est un échec. Ce socle fondateur sur lequel nous bâtissions notre avenir, qui nous donnait foi en l'Homme et nous faisait craindre Dieu est en train de vaciller.
MacDo ne remplit plus sa mission sacrée.
Il faut que le Frexit devienne une réalité, il faut que le jour de la Libération arrive, il faut regagner pied à pied ce qui fit notre grandeur, et tous nos idéaux ; il faut que nous puissions à nouveau bouffer sereinement au MacDo de notre enfance.
J'ai dit