Salut les Normaux,
J'ai terminé mon projet de mod sur Amphibia, je partage quelques photos et infos au cas où cela pourrait intéresser quelqu'un pour un projet similaire.
L'objectif était de réaliser une évocation de la Nvch-30 version tonneau (Amphibia 300 m), le "holy grail" de beaucoup d'amateurs de montres russes. Ce modèle spécifique fut fabriqué en quelques centaines de pièces au début des années 80 à l'attention, entre autres unités militaires, des Naval Spetsnaz
(forces spéciales soviétiques). Raison pour laquelle j'ai (pompeusement) baptisé mon mod "НВЧ-20 Спецназ"
(Nvch-20 Spetsnaz).
Pour rappel, voici à quoi ressemble le modèle authentique :
Malgré son look typiquement soviétique et vintage, je voulais toutefois que ma version réponde à tous les standards de performance actuels, que ce soit en matière d'étanchéité, de luminescence, de mouvement et de précision. En gros, la quadrature du cercle : une vintage neuve.
La première étape a donc consisté à étudier et rassembler les pièces nécessaires au projet.
Le mouvementLe modèle original est équipé d'un Vostok 2209, soit un calibre manuel. Conformément à mon cahier des charges et pour une utilisation quotidienne plus pratique, je pars donc sur la version automatique à savoir un 2415b neuf. 19800 alternances contre 18000 et 31 rubis versus 18 pour le 2209.
Le cadranJ'avais depuis plusieurs années le cadran Favinov, déjà acheté à l'époque dans l'idée de monter un jour cette réplique.
Je l'ai testé récemment sur la 420 donneuse d'organes, j'avais d'ailleurs posté les photos :
Aucun doute là-dessus, les cadrans faits main de chez Favinov représentent actuellement la meilleure alternative en terme de luminescence pour l'Amphibia.
Nous sommes à mille lieues du lume d'origine ! À peine chargé, c'est une lampe torche.
Seule la durée est encore légèrement en retrait par rapport au Lumibrite qui est souvent cité en référence. Cela dit, la lecture de l'heure reste assurée jusqu'au petit matin.
Les aiguillesPour les aiguilles "paddles", j'avais le choix entre deux fournisseurs. D'une part Bandukh à la Nouvelle-Orléans qui propose des aiguilles identiques au modèle d'époque mais hélas pas en version dorée. De même, n'ayant jamais commandé chez lui, je n'ai pas de retex sur la luminescence.
D'autre part, Favinov à nouveau, qui propose des "paddles" un peu différentes à l'origine mais dorées et avec un lume dont je connais la puissance. Ce seront donc des Favinov.
Le boîtierAu départ j'avais prévu de partir tout simplement sur un 090, le format tonneau actuellement au catalogue, en pensant que cela ferait l'affaire. Solution de facilité puisque boîtier contemporain du mouvement, donc "plug and play". Mais à bien étudier, le 090 est quand même nettement différent du 119, le tonneau d'époque. Et puis surtout, les deux finitions disponibles ne m'ont absolument pas convaincu : soit un poli mirroir trop bling-bling, soit un sablé mat trop moderne. Du coup, quitte à compliquer un peu le projet, je me décide à trouver un véritable boîtier 119 d'époque qui possède, comme la Nvch-30, le sompteux brossage dit "Starbust".
La couronneCe changement de boîtier en cours de projet me contraint désormais à jouer avec les compatibilités existantes (ou pas) entre anciennes références et pièces actuelles. C'est notamment le cas pour l'ensemble tige et couronne. Après avoir un peu potassé le sujet auprès de WUSers qui ont déjà pas mal bidouillé l'Amphibia, je trouve finalement que seules la couronne et la tige de remontoir d'une 420 possèdent les cotes
ad hoc (modèle le plus court des trois disponibles). Ça tombe bien, ma donneuse est justement une 420 ! Et puis, ce qui ne gâte rien, c'est une couronne optionnelle en acier inox et non pas celle en acier chromé que l'on trouve majoritairement sur les Amphibia.
En haut, couronne et tige de 2415 pour boîtier 420, en bas couronne et tige de 2209 pour boîtier 119Le fond de boîteLà encore, mettre un mouvement automatique 24xx dans un boîtier prévu à l'époque pour un 22xx va impliquer un changement du fond de boîte (pour libérer de la place à la masse oscillante, fatalement). Heureusement, un fond moderne s'adapte sans problème sur le 119 (même diamètre, même pas de vis). J'aurais préféré conserver le fond vintage avec la gravure "CCCP" beaucoup plus sympa, mais du coup je vais monter un fond "Scuba Dude" optionnel de chez Meranom que j'avais en rabe.
Le braceletLe truc vraiment très chiant avec le 119, c'est l'écart énorme qui existe entre la largeur de boîte et l'entrecorne. Ici, j'ai un boîtier de 39 mm hors couronne au plus large, de 28 mm en bout avec un entrecorne de 18 mm. Du coup, se contenter d'un bracelet en 18 mm fait, à mon goût, totalement ridicule. Raison pour laquelle je me suis mis à la recherche d'un bracelet acier à épaulement 18/24. Le truc introuvable en neuf chez les fabricants actuels ! J'ai donc fini par trouver un new old stock chez un marchand anglais avec des dimensions carrément d'un autre âge : 18/24/16 à la déployante. Plus vintage tu meurs. Et la finition aussi : une put... de galère pour faire la mise à taille avec de vieux maillons pliés !
Bref, après plusieurs semaines de patience à rechercher puis attendre les petits colis depuis la Russie, l'Espagne et le Royaume-Uni, j'ai enfin pu me mettre à l'établi.
Test d'étanchéitéAvant toute chose et s'agissant d'un boîtier et d'un plexi datant d'une quarantaine d'années, je devais tester l'étanchéité de l'ensemble avec les moyens du bord, conformément à mon cahier des charges. Il s'agit donc ici de vérifier une résistance sans souci à la douche ou à la baignade ce qui couvre 99% des besoins d'un propriétaire de montre lambda. De plus, il faut savoir que le boîtier de l'Amphibia fonctionne sur le principe d'un Super Compressor, plus la pression augmente, plus l'étanchéité augmente.
Et puis quand on voit qu'une Amphibia 200 m neuve subit les premières déformations de boîtier et de plexi aux alentours de 70 atm, il y a de quoi rester confiant.
Je commence par virer le joint arrière qui est exagérément marqué pour le remplacer par le neuf de la 420.
On passe à l'immersion du boîtier tel qu'il sera dans sa configuration finale : 119 + couronne 420 S/S + fond Scuba Dude. À l'intérieur, en lieu et place du mouvement, se trouve un morceau de papier absorbant. Je crains de découvrir une fuite au niveau du tube de couronne étant donné que, tel un boulet, j'ai omis de commander le kit joint neuf à ce niveau (et je n'allais pas encore attendre 15 jours de plus pour une pochette de joints depuis la Russie...)
J'aperçois une bulle qui se forme entre 11h et midi, mais il ne s'agit très probablement que de l'air qui était prisonnier dans le rail de maintien de la lunette.
La trempette terminée, je démonte le boîtier et, confirmation, tout est parfaitement sec à l'intérieur !
Je suis paré pour l'assemblage final.
Les photosDéjà un petit cliché comparatif de la Nvch-20 Spetsnaz terminée avec son inspiratrice :
Je pense quand même essayer prochainement le jeu d'aiguilles proposé par Bandukh (mais couleur argent hélas) pour faire un essai.
Sinon pour le reste, je trouve la ressemblance plutôt réussie.
Une photo en plein soleil révèle le fond du cadran noir mat et granulé.
La déformation qui fait tout le charme du plexi. À mon goût beaucoup plus sympa et chaleureux que le verre saphir monté par Vostok sur les rééditions 1967. Sans compter qu'il y a eu pas mal de ces saphirs qui ont fait "plop" (première série, cadran noir)... sur une montre édition limitée vendue neuve à plus de 300 euros et qui ne se trouve plus à moins de 600 aujourd'hui, ça la fout mal. Nan, franchement sur une Amphibia, rien ne vaut le plexi en pétrole de Sibérie.
Vue sur le fond "Scuba Dude" et la couronne acier inoxydable.
Un wristshot pour voir le brossage "Starbust" au soleil et l'épaulement du bracelet.
Enfin la luminescence, puissante à souhait comme je la voulais.
J'avais noté avec le jeu d'aiguilles "arrow" d'origine, aussi lumé en vert, que la lecture pouvait être erronée la nuit en raison des très longs index du cadran 913 (lorsque par exemple une aiguille se trouvait alignée avec un de ces index). Du coup, j'ai choisi les "paddles" lumées en bleu afin de pouvoir les distinguer sans erreur possible.
Ça n'est pas flagrant sur la photo mais en réalité il n'y a pas d'équivoque entre le vert et le bleu.
Au prochain épisode je la passe au TG1000 pour régler la précision. J'avais déjà réglé ce mouvement lorsqu'il était emboîté dans le 420 :
Mais bon, avec toutes les manips que j'ai faites dessus, il va falloir le repasser.
Bon week-end les Normaux !